PREMIERE LECTURE – Lecture du livre du prophète Jérémie 28, 1-17
Psaume 118 (119) «Seigneur, apprends-moi tes commandements.»
Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 14, 22–36
Il faut beaucoup plus que la voix du Christ dans nos vies pour nous rassurer de sa présence, il faut aussi plus que sa présence pour nous rassurer de sa protection. Notre finitude humaine a besoin de l’action concrète de Jésus en nous ; une action qui puisse se traduire et s’expliquer à partir de nos sens et de notre entendement ; tel est le résumé de l’évangile du jour. En effet, Pierre n’exprime que ce qu’il ya en chacun de nous à savoir, le désir d’assurance d’un Christ qui puisse nous conduire à la manière des robots afin de manifester sa divinité en nous et en toute circonstance.
« Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. » Cette demande de Pierre n’a rien d’un doute sur la personne de son maître, elle exprime tout simplement un besoin de vérification de ce qui pourrait être une illusion dans notre vie de foi. Combien de fois n’avons-nous pas confondu de Dieu dans notre vie ? La recherche absolue des solutions aux situations compliquées de notre vie, nous conduit parfois à des pseudo-dieux considérés comme clef de sortie de nos misères, surtout quand ces charlatans se présentent à nous comme l’unique solution. La première lecture est une illustration parfaite de cette réalité spirituellement inconfortable; le faux prophète Ananie est finalement démasqué par le serviteur de Dieu Jérémie. Alors, connaissant très bien que le mal est capable de prendre la forme du Christ en faisant quelques tours de magie, Pierre veut éviter toute confusion, car obéir à un esprit qui n’est pas Jésus, c’est nier le projet qui consiste à sauver l’humanité. Le Christ est donc le seul à ordonner le mouvement de l’homme dans des conditions complexes, et c’est ce qu’il fait à la demande de Pierre : « Viens ! » lui dit-il. Toutes les inquiétudes de Pierre sont radiées par cette invitation de Jésus qui confirme qu’il est bien le messie, et qu’il a le pouvoir de faire marcher Pierre, debout sur les eaux, traduction ; au nom de notre foi, nous trouverons toujours la force de nous mettre debout devant les pires situations qui nous remplissent de peur à cause des dangers qu’elles suscitent. Et les eaux des mers sont remplies de tout ce que l’on peut trouver d’imaginables et d’inimaginables en matière de danger, allusion faite à notre propre vie ; d’où la peur permanente de Pierre malgré l’appel du Christ à le rejoindre sur les eaux: « voyant la force du vent, il eut peur et, comme il commençait à enfoncer, il cria : Seigneur, sauve-moi ! »
Dieu n’est pas la cause de nos fragilités. Il nous faut encore un long parcours de confiance en soi pour vivre de notre foi, car même si Jésus venait nous prendre par la main pour nous sortir de nos difficultés, nous serions toujours des hommes de peu de foi, incapables de nous séparer de nos traumatismes, incapables de vaincre nos peurs même quand le Christ qui nous tend la main.
Père Etienne KANGUE ESSIBEN, Cssp
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Hélas, cher Père Etienne, vous décrivez très précisément comment notre pauvre nature humaine réagit dès qu’elle est atteinte par la peur et les difficultés de tous genres. Nous ne nous contentons pas d’être pris par la main salvatrice du Christ, nous nous permettons en plus de lui répéter » montre-moi un signe ».Ainsi sommes-nous faits. Le Christ le sait, lui » qui sait ce qu’il y a dans l’homme ».Votre expérience pastorale nous met aussi en garde contre le fait de recourir à » des charlatans se présentant comme l’unique solution à nos problèmes ». Car nous sommes comme des enfants capricieux, nous voulons tout et tout de suite.
Mais le Christ veut nous sauver entièrement et le plus vite possible, mais pas à notre manière.Merci Père Etienne de nous aider à faire le point sur notre vie de foi, sur notre vie, tout simplement.