Homélie du dimanche 7 Juillet 2024, 14è dimanche du Temps ordinaire, B “ Fils de Charpentier et Charpentier”

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Ezéchiel 2, 2-5

Psaume 122 (123),1-2.3-4

2 Corinthiens 12, 7-12

Evangile de Jésus-Christ selon saint Marc 6, 1-6

En ce temps-là,

Jésus se rendit dans son lieu d’origine, et ses disciples le suivirent.  Le jour du sabbat,  il se mit à enseigner dans la synagogue.  De nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient :  « D’où cela lui vient-il ?  Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée,  et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains? N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie,  et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ?  Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? »  Et ils étaient profondément choqués à son sujet.  Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. » Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades  en leur imposant les mains. Et il s’étonna de leur manque de foi.  Alors, Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant.

“ Fils de Charpentier et Charpentier”

L’évangile de ce dimanche rapporte la déception profonde de Jésus au milieu des siens en ces termes: « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison.  Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains. Et il s’étonna de leur manque de foi. » Voilà un événement qui peut rassurer plus d’un de ceux qui sont sur le chemin de l’annonce de l’évangile: ne pas être prophète dans sa propre parentée. Le Christ va même encore plus loin dans son étonnement; choqué par les siens, il se résigne à quelques guérisons, Lui qui a pourtant fait des miracles en terre paienne, là où paradoxalement, la foi était plus expressive que dans sa propre terre natale.  Si l’évangéliste Marc insiste sur ce fait, c’est pour montrer la désolation totale de Jésus, Lui,  le prophète pour les autres, sauf pour son propre entourage. Au lieu de jubiler pour l’intelligence de l’un des leurs, les gens sont plutôt choqués; choqués de voir celui qu’ils connaissent bien depuis l’enfance:  » N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie? » La profession de Joseph son père est évoquée, sans que Joseph lui-même soit explicitement nommé; quel mépris! Dans cette culture là, le fils  aîné portait souvent la profession de son père et était défini par rapport à cette profession. Et d’ailleurs, rien de plus normal puisqu’en tant que fils de charpentier, Jésus a sans doute accompagné son père à l’atelier et dans les chantiers, au vu et au su de tout le monde, et c’est justement le problème; que peut-il donc leur apprendre de bon, ce fils de charpentier et charpentier, issu de l’un des métiers certainement pas noble à l’époque, et qui nécessitait beaucoup d’efforts physiques pour un rendement pitoyable? Le Christ est réduit à l’histoire de ses origines et de son enfance. Il semble bien que dans la vie, lorsqu’on ne veut pas reconnaitre et respecter vos fonctions et votre autorité, l’on vous réduit à votre histoire et à vos origines; ce qui naturellement, fausse l’appréciation objective de la réalité, et rend difficile toute appréciation des personnes et de leurs capacités, à leur juste valeur.

La réaction humaine aurait été que Jésus réagisse proportionnellement à l’attitude des siens, c’est-à-dire, qu’il les ignore et rebrousse chemin; mais bien que scandalisé par l’attitude de ces derniers, Jésus opte pour la manifestation de la gloire de Dieu son Père en guérissant tout de même quelques malades par l’imposition des mains, geste hautement fort et réservé uniquement à ceux qui ont reçu le pouvoir de le faire par l’onction de l’Esprit de Dieu. Ainsi, au comportement humain de ses proches, Jésus répond par sa nature divine, plus forte que la subjectivité mondaine toujours penchée vers tout ce qui alourdit notre Esprit, et nous rend incapables de reconnaitre en l’autre, ce qu’il est devenu véritablement. Si le Christ est scandalisé, c’est bien parce que son espérance de voir sa propre terre natale reconnaître son identité de Fils de Dieu, a été brisée par un déni total. Qu’ils aient reconnu l’intelligence de Jésus, soit,  mais de là, à le vénérer comme Fils de Dieu, cela est une étape qu’ils ne sont pas prêts à franchir de si tôt, aussi longtemps que ce Jésus sera fils de charpentier et charpentier et pour la simple raison que, tout le peuple attend un Messie, et non un charpentier devenu magicien, fût-il guérisseur des malades, surtout le jour du sabbat, jour interdit pour ce genre d’activité. 

Chaque fois que le Fils de Dieu est déçu par le manque de foi de l’humanité, il exprime la  difficulté pour cette humanité, à recevoir les grâces divines, car seule la foi en Dieu par son Fils, peut nous procurer cette béatitude là. C’est notre manque foi qui scandalise le Christ, parce que, de ce manque de foi, vient notre éloignement de la gloire de Dieu et de ses bienfaits. En réalité, la moralité de ce dimanche est aussi bien pour les proches de ceux qui sont missionnaires du Christ, que pour ces missionnaires eux-mêmes: les premiers sont exhortés à s’adapter aux nouveaux statuts de leurs fils ou frère, et les seconds sont invités à intégrer le fait que leur premier lieu de mission n’est forcément pas leur milieu parental; triste réalié! Mais heureux les missionaires qui ont le bonheur de se faire entendre par leurs parentée, car ces missionnaires là ne sont plus des “Charpentiers.”

Pata KANGUE, C.s.sp

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