« Le pain et le pouvoir » – Homélie du 1er Dimanche de Carême C,  06.03.2022

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Deutéronome 26,4-10

PSAUME – 90 (91),1-2,10-11,12-13,14-15
 Romains 10,8-13
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 4,  1-13

Les tentations dont parle l’évangile de ce premier dimanche de carême reflètent les besoins inhérents au désir de l’être humain : la recherche du pain, la conquête du pouvoir temporel, et le désir de dominer les autres. Le diable semble être méthodique et méthodologique dans l’enchainement des propositions faites au Christ ; chaque proposition est inscrite à sa place et débouche vers une autre proposition qui semble être la suite logique de la précédente, car celui qui a le pouvoir de transformer les pierres en pain, aura le pouvoir sur l’humanité entière qui croupit sous le poids de la famine ; d’ailleurs, d’où viennent les guerres incessantes des nations, si ce n’est le désir de maitriser le monde et ses richesses ? Le pain et le pouvoir font donc bon ménage. L’un ne saurait exister sans l’autre, et le diable le sait très bien, lui qui connait si bien les Ecritures qu’il utilise pour chercher à convaincre le Christ. Il sait aussi que les récriminations du peuple d’Israël envers Moïse et Dieu au désert, étaient en partie justifiées par le manque de pain ; et justement, en guise de réponse, Dieu Lui-même donna la manne au peuple et le conduisit ensuite dans un pays « ruisselant de lait et de miel » cf. la première lecture de ce dimanche. La main qui donne du pain tient donc aussi le pouvoir, et cela ne date pas d’aujourd’hui. Le diable ne s’est donc pas trompé de personne. Il s’adresse à Jésus-Christ, Fils de Dieu, c’est-à-dire au pain de vie descendu du ciel, celui qui a le pouvoir sur toutes les créatures ; mais il n’appartient pas au diable de dicter sa conduite au Fils de Dieu.

« Tu ne mettras pas à l’épreuve le SEIGNEUR ton Dieu. » le Christ n’a pas besoin de prouver qu’il est le Fils de Dieu. L’expression du tentateur « si tu es le Fils de Dieu », laisse entendre un défi tacite de la capacité de Jésus à agir en fonction de son identité. La nature intrinsèque du Fils de Dieu ne dépend pas de notre foi ; qu’on y croit ou pas, il EST le Fils de Dieu et la plus grande erreur serait de mettre le Christ à l’épreuve au nom de notre foi fébrile qui bascule du côté du tentateur à la moindre difficulté de notre vie, pour s’accrocher aux promesses de pouvoir qui nous sont faites, et dont l’incompatibilité avec notre vie de foi, revêt des conséquences souvent irrémédiables.

Dans l’évangile d’aujourd’hui, le Christ nous donne un code de conduite à adopter tout au long de ce carême : ne pas céder à tout ce qui veut nous séparer de l’amour de Dieu : la recherche effrénée du pain matériel, le goût du pouvoir temporel et de la domination.

Bonne entrée en carême !

Pata  KANGUE, CSSp
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Cette publication a un commentaire

  1. Thérèse Moreau

    Homélie tellement actuelle, dans notre monde où le blé et le riz sont cotés en bourse, affamant encore plus des populations déjà minées par les guerres et les violences ! Merci Père Etienne, de nous rappeler que les tentations vécues par Jésus sont permanentes dans notre vie. Il a vaincu le Diable, et nous a demandé de prier le Père pour qu’Il ne nous laisse pas entrer en tentation. Bon Carême à vous aussi

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