PREMIERE LECTURE – Lecture du livre du prophète Isaïe 1, 10-17
PSAUME –49 (50) «À celui qui veille sur sa conduite,je ferai voir le salut de Dieu.»
Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu Mt 10, 34 – 11, 1
« En ce temps-là, Jésus disait à ses Apôtres : Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. » Un tel discours de Jésus a certainement donné des frissons aux apôtres qui étaient habitués à profiter de la paix et de la tranquillité auprès de leur maitre. Il n’ ya aucun intérêt à être auprès d’un Christ source de divisions car le monde est déjà assez déchiré et les hommes sont suffisamment en opposition de phase les uns les autres, pour que Jésus en rajoute.
Les paroles du Christ bien que contradictoires à son identité et sa mission disent pourtant une réalité qui s’impose de façon logique et cohérente par le fait même de la présence du Fils de Dieu dans le monde. Dieu est le Dieu de la paix et de miséricorde, telle est l’identité transmise à son Fils dont la mission est de sauver le monde en y apportant la consolation. Or pour ceux qui ne croient pas que Jésus est Fils de Dieu, la présence du Christ dans le monde sera à l’origine des divisions qui aboutiront à la séparation entre fidèles de la Parole d’une part et indécis d’autre part, même au sein des familles « on aura pour ennemis les gens de sa propre maison. » Jésus n’instruit donc pas de façon volontaire la division. Il est le Verbe fait chair qui se présente au monde tel qu’il Est. C’est sa réception qui fait problème chez l’être humain.
La foi en Dieu n’a pas pour conséquence première de mener le monde dans le chaos ; elle contribue à la formation intégrale de l’homme dans la connaissance de Dieu, si ce dernier est vraiment intégré comme objectif de notre bien-être. La profession de foi en Dieu nous épargne des préoccupations qui favorisent des situations permanentes de manque d’objectivité. S’il est difficile de construire notre vie à partir d’une foi béate (foi qui construit des théories et n’arrive pas à inclure Dieu dans l’action de notre vie), c’est parce que nous concevons Dieu comme un être de qui tout doit venir sans aucun soupçon d’efforts à fournir de notre part. C’est bien cette conception que Jésus veut rayer quand il prépare ses apôtres pour la mission : « celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas
n’est pas digne de moi. » Chacun de nous doit donner du sien dans sa manière de croire en Dieu.
En fin de compte, le vrai glaive qu’apporte le Christ est celui engendré par notre inactivité. Une conception erronée a consisté à penser qu’au nom d’un Dieu qui nous couvre sous ses ailes, notre foi nous libère des efforts individuels et de la prise de risques dans nos vies. Le vrai problème de la foi dans le monde n’est pas de savoir si Dieu existe, mais c’est de savoir comment nous vivons cette foi.
Père Etienne KANGUE ESSIBEN, Cssp
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Merci Père Étienne pour cette homélie édifiante
Cette Parole est difficile à entendre et pourrait donner des arguments à une forme de djihadisme chrétien.Mais votre homélie remet bien les points sur les i. Si combat il doit y avoir, et c’est souvent le cas, c’est en nous-mêmes. Suivre le Christ, c’est choisir sa Voie.Et celle-ci ne peut faire l’impasse de la Croix.Certes, le Christ est Visage de l’amour miséricordieux du Père, certes il est doux et humbles de coeur. Mais le Choisir pour Maître, Lui, le Sauveur, le Fils de Dieu, c’est faire le choix radical de conformer notre vie à sa Parole. Et c’est là que ça coince, car ces choix-là coïncident rarement avec nos désirs. »Le vrai glaive qu’apporte le Christ est engendré par notre inactivité ».Eh oui, le chemin est encore long pour que nous devenions ses disciples.Merci Père Etienne.