Isaïe 50, 4-7
Psaume 21 (22), 2, 8-9, 17-20, 22b-24
Philippiens 2, 6-11
Évangile :
Passion de Notre Seigneur Jésus Christ selon saint Marc, 14, 1-15,47.
La fête des Rameaux et de la passion de Notre Seigneur Jésus-Christ nous offre une pédagogie d’approche dans notre relation avec Dieu. L’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem sonne aux oreilles de l’humanité comme la consécration définitive du Fils de Dieu au milieu des hommes : « Hosana au plus des haut des cieux, Bénis soit Celui qui vient au nom du Seigneur ! » Ce cri nous rappelle celui des anges, la nuit de la naissance du Messie, reconnaissant ainsi que ce dernier est bel et bien Fils de Dieu et qu’il vient de Dieu. Ici, ce ne sont plus les anges qui reconnaissent le Messie, mais c’est l’humanité qui, finalement adhère à la Parole annoncé par Jésus, et qui fait de cette Parole, le principe de vie. Après les doutes, les incertitudes, les méfiances et les craintes vis-à-vis du fils du Charpentier Joseph et de son épouse Marie, l’humanité opère une conversion radicale en professant que Jésus est bel et bien « Celui qui vient au nom du Seigneur » Dieu de l’univers. C’est la première étape de cette pédagogie. En effet le temps de carême nous a donné une opportunité de reconsidérer notre compréhension de Jésus dans nos vies. Ceux qui crient des louanges au Christ ont certainement fait l’expérience d’une transformation au contact de ce fils de Joseph le charpentier : guérison d’une maladie, consolation à travers la Parole, redynamisation de l’espérance ; toutes ces choses auxquelles nous aspirons tous en priant Dieu. Ainsi, du fils de Joseph, l’on est passé à Celui qui vient au nom du Seigneur, c’est-à-dire au Messie, Celui qui nous a sorti de nos misères sur tous les plans. De cette première étape naitra la deuxième.
De l’angoisse à la gloire de la résurrection ; c’est l’itinéraire de la deuxième étape de cette pédagogie. Si les foules chantent la louange du Messie, ce dernier par contre a le regard fixé vers le plus grand défi de son histoire terrestre : affronter la cruauté la plus terrible que lui fera subir l’humanité, à savoir, l’épreuve de la passion. Ce dimanche des Rameaux débouche à la semaine sainte où la louange prend le triste visage de la passion, traduisant l’étape la plus inhumaine de la mission du Christ sur terre. Les premières phrases du psaume et tout l’évangile de ce dimanche tranchent de façon brutale avec l’ambiance de la fête du Fils-Dieu. Le Messie célébré devient la risée du monde et est contraint à ne communiquer qu’avec sa propre solitude, même devant son propre Père devenu lui aussi silencieux : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Le Christ connait l’angoisse de la souffrance, devant une mort atroce à laquelle il ne pourra pas échapper. Entre les moqueries de ses bourreaux et les pleurs des femmes d’Israël, l’autre moitié de l’humanité reste insensible à la mort d’un homme qui a parfois osé franchir la ligne rouge en dérangeant l’ordre social et les habitudes peu orthodoxes érigées en valeurs normatives. En réalité, l’humanité n’a rien compris de ce Christ, qui a agi dans le sens de l’accomplissement des Écritures, en toute obéissance à son Père. Le dimanche des Rameaux est donc le dimanche de la glorification du Messie reconnu par l’humanité et exalté comme tel. Mais ce dimanche est aussi celui de l’obéissance du Fils à son Père, qui accepte de souffrir la Passion afin « que s’accomplissent les Écritures », pour la gloire de Dieu et le salut du monde.
Pata KANGUE , CSSp
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