Job 7, 1- 4.6-7
Psaume 146(147a), 1. 3-7.
1 Corinthiens 9, 16-19.22-23
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 1, 29-39
« Souviens-toi, Seigneur : ma vie n’est qu’un souffle, mes yeux ne verront plus le bonheur. » Prière de Job, prière d’un humain conscient de la puissance de Dieu dans les circonstances troubles de sa vie. Dieu reste la raison de vivre de tout homme qui croit en Lui, quelque soit notre condition.
L’histoire de Job retrace l’itinéraire d’un craignant Dieu, riche, père de famille qui éduque ses enfants dans la crainte du Seigneur. Il semble bien que ce genre de personne ne soit pas ami du malin. Job sera donc victime de sa propre rectitude, et le diable le fera sombrer en un laps de temps, dans les malheurs effroyables: il perd toute sa richesse, ses enfants, et pire encore, il est frappé d’une maladie incurable et est contraint à l’isolement. C’est là que commence une autre réalité de l’expérience de sa foi en Dieu. Entre les moqueries de ses amis qui justifient sa nouvelle condition de vie par le péché, et sa femme qui ne comprend pas son obstination à rester croyant dans de telles circonstances, Job garde la tête haute et ne cède à rien qui puisse aggraver sa situation, soutenant au contraire son innocence devant tout le monde, et se remettant à la justice divine. Nous lui devons la célèbre phrase : « le Seigneur a donné, le Seigneur a repris, que le nom du Seigneur soit béni» (Job 1, 21).
Dans un contexte où le silence de Dieu se fait plus criant que sa Parole, où toutes les prières n’ont plus d’échos, et où vous avez l’impression de tomber totalement en disgrâce aux yeux de Dieu qui, jadis vous a comblé de tout, il faut avoir le courage de garder votre foi ferme et inébranlable. C’est la plus grande qualité de Job, et en cela, il est sans doute, à l’exemple d’Abraham, le maitre incontesté en matière de fidélité à la foi en Dieu. Job nous apprend que la fidélité à la foi se mesure au contact des conditions extrêmes de notre vie, là où l’absence de tout confort vient rompre avec les conditions ordinaires de la vie ; plongé dans un état de misérabilisme accrue, auquel il faut ajouter une maladie, Job renvoie cette image à Dieu en lui rappelant que, c’est bien Dieu qui a fait de lui ce qu’il est ; qu’il lui plaise donc d’agir comme il veut. Ce n’est pas une résignation, mais justement une mise en application des principes de la foi, et Job n’est pas dupe. Il sait qu’un juste qui n’a commis aucune infraction devant Dieu, ne saurait mourir des souffrances réservées à un pécheur. Alors du fond de ses souffrances, de ses nuits de cauchemars interminables, Job demande à Dieu de se souvenir de sa fragilité humaine qui risque d’être ébranlée par une souffrance, si cette dernière s’avérait plus forte que lui : « Souviens-toi, Seigneur : ma vie n’est qu’un souffle». Cette angoisse psychologique devant la mort, est le propre de la nature humaine, et spécialement des chrétiens qui perdent toute assurance devant le silence traumatisant de Dieu qui laisse libre accès à l’anxiété, c’est-à-dire à une situation de peur extrême, causée par un danger qui nous déstabilise. Et ici, le danger, c’est l’absence totale de la réponse de Dieu face à nos souffrances. Et si Dieu avait oublié Job ? Et si Dieu oubliait souvent les chrétiens dans leurs souffrances quotidiennes?
Devant l’angoisse humaine provoquée par l’illusion d’un Dieu qui se tait et qui devient sourd à nos cris et à nos souffrances, le Christ vient montrer le visage d’un Dieu proche de la misère humaine. Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus reconstruit le pont entre notre foi et les effets positifs qu’elle procure à notre être. C’est le visage du Dieu qui console, qui guérit, et qui rassure, en expulsant les démons, c’est-à-dire, tout ce qui porte atteinte à l’intégrité de notre foi et à sa pureté. C’est bien ce que demandait Job dans son rappel fait à Dieu, car en l’absence de la protection de Dieu contre le mal, notre faiblesse prend le dessus, et nous conduit à la déroute totale.
Job nous apprend à forger notre mental à la fidélité à toute épreuve. Il nous apprend aussi à remettre à Dieu ce qui lui appartient, sans rechigner, sans jérémiades. Pour atteindre cette capacité de fidélité à la foi devant les souffrances atroces de la vie, pour avoir ce caractère de Job, il faut avoir « vécu ».
Pata KANGUE , CSSp
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