Homélie du 2è Dimanche du Temps Ordinaire B, 14.01.2024, «Parle Seigneur, ton serviteur écoute »

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1 Samuel 3, 3b – 10.19
Psaume 39 (40), 2.4.7-11
1 Corinthiens 6,  13c-15a.17-20
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 1, 35-42

«  Tu m’as appelé me voici » ; réponse du petit Samuel à Eli à qui Samuel attribuait innocemment et à tord, l’appel du Seigneur. L’histoire de Samuel est l’une des histoires les plus passionnantes de la Bible. Il faut relire tous les deux livres de Samuel pour mieux comprendre l’histoire dans son ensemble ; du contexte de sa naissance jusqu’à sa mission de prophète, tout est lié. En réalité c’est Anne, la mère de Samuel, qui est à l’origine de tout, par la célèbre prière qu’elle fit à Dieu ce jour-là au temple, du fond de sa stérilité ; petit rappel.

 Assis à l’entrée du temple, le prêtre Eli vit une femme qu’il prit pour une ivrogne. C’était Anne, (femme stérile et moquée par sa coépouse), qui priait fortement devant le Seigneur et « Tandis qu’elle prolongeait sa prière devant le Seigneur, Eli observait sa bouche. Anne parlait dans son cœur : seules ses lèvres remuaient, et l’on n’entendait pas sa voix. Eli pensa qu’elle était ivre et lui dit : Combien de temps vas-tu rester ivre ? Cuve donc ton vin ! » Ces paroles suscitèrent en Anne la réponse la plus inattendue par Eli : «  Non, mon seigneur, je ne suis qu’une femme affligée, je n’ai bu ni vin ni boisson forte ; j’épanche mon âme devant le Seigneur.  Ne prends pas ta servante pour une vaurienne : c’est l’excès de mon chagrin et de mon dépit qui m’a fait prier aussi longtemps. » Face à cette réplique d’Anne, le prêtre Eli se ravisa et reconsidéra ses paroles. Il invoqua sur elle la bénédiction de Dieu en ces termes : « Va en paix, et que le Dieu d’Israël t’accorde ce que tu lui as demandé ».  Ce à quoi Anne répondit : « Que ta servante trouve grâce devant toi ! »  Anne et Eli ont agi au nom de leur conviction : la première, au nom de la foi en Dieu de l’impossible, et le deuxième, au nom de l’Esprit de Dieu qui a fait de lui le prêtre pour son peuple. Effectivement, Anne conçut et «  enfanta un fils ; elle lui donna le nom de Samuel (c’est-à-dire : Dieu exauce) car, disait-elle : « Je l’ai demandé au Seigneur. » Quelques mois après avoir sevré Samuel, Anne se présenta devant Eli avec l’enfant et lui dit : « C’est pour obtenir cet enfant que je priais, et le Seigneur me l’a donné en réponse à ma demande. À mon tour je le donne au Seigneur pour qu’il en dispose. Il demeurera à la disposition du Seigneur tous les jours de sa vie. » C’est le contexte de la première lecture de ce dimanche. Samuel est déjà auprès du prêtre Eli qui l’initie au service du Seigneur au temple. C’est donc là que la voix du Seigneur l’appelle : « Samuel, Samuel ! »

Eli va rapidement remédier à l’immaturité spirituelle de Samuel, en montrant à ce dernier comment répondre et assumer l’appel de Dieu. Dans cette réponse, il y a deux parties qui expriment deux étapes différentes ; première partie : « parle Seigneur… » Eli sait que s’il est prêtre, c’est parce que le Seigneur Dieu lui a parlé. Il revient d’abord à Dieu de parler à l’homme afin de faire entendre sa volonté. Samuel doit apprendre comment se tenir devant le Seigneur, il doit écouter le Seigneur. Et c’est la deuxième partie de la réponse à l’appel : «  …ton serviteur écoute ». La réponse dans son ensemble est une allusion faite au principe de tout croyant qui doit écouter le Seigneur quand il parle. Et au-delà de ce principe, c’est le rôle d’Eli dans la vocation de Samuel qui est mis en exergue ici, car si Dieu est Celui qui appelle à mission, il passe par ceux qui nous aident à comprendre le sens de notre vocation. Eli est donc celui qui aidera Samuel à comprendre sa vocation, tout comme le sera Jean-Baptiste pour certains de ses disciples dans l’évangile de ce dimanche.

« Jean le Baptiste se trouvait avec deux de ses disciples. Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu. » Les deux disciples entendirent ce qu’il disait, et ils suivirent Jésus. »  Jean-Baptiste ne trouva rien de choquant au fait que ses disciples à lui, le quittent pour se mettre à la suite du Christ. Rien de si logique, puisque le rôle de Jean-Baptiste était bien défini par Dieu, à travers l’ange Gabriel. Toute son action avait pour but de conduire l’humanité vers le messie, et dans ce cas précis, Jean-Baptiste est la courroie qui permet à ses deux disciples de comprendre où est véritablement leur vocation. Ce dimanche nous enseigne donc à ne pas rougir de l’orientation que peuvent prendre certaines personnes pour lesquelles nous avons été des supports, si ces dernières se détachent de nous. Notre mission peut uniquement consister à leur montrer leur véritable chemin. Cette mission peut aussi consister, à l’exemple de la maman de Samuel, à poser les jalons pour les autres. Anne, la maman de Samuel, restera sans doute le personnage clé de ce dimanche, par son courage, son espérance et son audace devant Dieu. Sa prière résume à elle seule son histoire, sa condition misérable, mais aussi sa confiance devant un Dieu qui se penche sur ceux qui espèrent en Lui, selon le psaume de ce jour. Anne nous enseigne surtout qu’il faut oser bousculer Dieu par nos prières, même si ces prières nous exigent des engagements vis-à-vis de Dieu, pourvu que nous soyons exaucés. Et voici exactement la prière qu’avait faite Anne : « Seigneur de l’univers ! Si tu veux bien regarder l’humiliation de ta servante, te souvenir de moi, ne pas m’oublier, et me donner un fils, je le donnerai au Seigneur pour toute sa vie, et le rasoir ne passera pas sur sa tête.» Demander à Dieu ce que nous n’avons pas, pour ensuite l’offrir de nouveau à Dieu ; tel est le mérite d’Anne : tenir à ses engagements et accepter de se détacher de ce qu’elle a reçu de plus cher ; son fils, et cela, en vue de répondre à sa vocation. Anne savait très bien que Samuel, bien avant sa conception, était déjà le Serviteur du Seigneur.

Pata KANGUE, CSSp

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