Homélie du 2e Dimanche de Carême A ; 05.03.2023, «Avec le Christ sur une haute montagne»

Genèse 12, 1-4a
Psaume 32 (33), 4-5. 18-19. 20.22

2 Timothée 1, 8b – 10

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 17, 1-9

Ce deuxième dimanche de carême nous présente le récit de la transfiguration, après celui des tentations présenté au premier dimanche. Tout porte à croire que nous avons réussi, comme le Christ, à vaincre le malin dimanche dernier ; c’est donc cet acte de foi héroïque qui nous vaut la transfiguration avec le Christ justement. Interprétation trop simpliste, puisque notre carême continue, et avec lui, les potentielles tentations quotidiennes du malin.

Y a-t-il de quoi perdre son contrôle devant ce phénomène indescriptible du Christ sur cette montagne aussi mystérieuse que le phénomène lui-même? Pierre répondra certainement par l’affirmative, puisque, des trois disciples autour de Jésus sur cette montagne, il est celui qui exprimera de façon forte, les effets de la transfiguration : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » On peut pardonner à Pierre son attitude egocentrique dont personne en réalité, ne saurait être exempt dans des conditions similaires, car le propre de nous tous, est de vouloir figer dans notre temps et dans notre espace, l’inouïe et l’inédit que nous offre le Seigneur, afin de nous en servir à notre guise et pour notre bien-être. Cependant nul ne saurait reprocher à Pierre son réalisme, dans une condition humaine en quête permanente des effets extraordinaires de Dieu en nous. C’est donc cet extraordinaire qu’apporte la transfiguration du Christ ; extraordinaire que notre nature humaine en la personne de Pierre, veut rendre éternel, afin que nous soient données de façon permanente, l’assurance, la consolation et la sécurité. Comment peut-on être témoin d’un tel événement et rester insensible, à moins d’être insensés, c’est-à-dire, de ceux qui refusent volontairement de voir ce Seigneur qui se montre à nous ? Comment peut-on être témoin de la gloire du Christ et ne pas être bouleversé ?

A la base du bouleversement de ces disciples, il ya l’inattendu : avec Dieu nous sommes perpétuellement sur le chemin de l’inattendu et de l’imprévisible dans notre vie. Le Christ conduit chacun de nous sur la montagne de la Transfiguration de notre propre vie, là où se réalise ce qui dépasse notre entendement, là où se révèle le vrai visage du Christ, là où Dieu Lui-même confirme l’identité du messie qu’il nous a envoyé : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! ». Pour respecter cette consigne, il faut d’abord entrer dans l’histoire qui a prévalu à l’arrivée du Christ ; et sur cette montagne plus haute que nos logements habituels, deux personnes nous rappellent l’histoire : Moise et Élie.

Moïse le législateur à qui Dieu avait donné la loi transmise au peuple, afin que ce dernier marche et vive selon les prescriptions du créateur. Cette loi était énoncée sous la forme de la Parole à écouter et à mettre en pratique, puis cette Parole s’est faite chair en la Vierge Marie et a habité parmi nous ; c’est Jésus-Christ, Verbe de Dieu. Élie le prophète, dont la mission comme tout prophète, était d’annoncer (entre autres missions), la promesse d’un libérateur pour l’humanité. De même que Dieu, à travers Moïse, libéra son peuple de l’esclavage en Égypte, de même, à travers son Fils Jésus, Verbe unique, notre condition humaine est libérée de l’esclavage du péché. Et sur cette montagne qui est notre propre vie dans laquelle doit se réaliser la Transfiguration en plein parcours de carême, le Christ nous invite à surpasser les éléments ordinaires de notre existence pour accueillir l’inédit et l’extraordinaire ; savoir surmonter tout ce qui nous empêche de nous ouvrir à l’avenir devrait être l’exercice principal de ce temps de pénitence. Celui qui accepte de s’ouvrir à l’avenir, accepte de s’ouvrir à la nouveauté qui libère d’un passé parfois lourd et encombrant. Le Christ nous emmène « sur une haute montagne », c’est-à-dire, sur une haute considération de notre propre existence en Dieu, au-delà de la vulgarité et de la bassesse, loin de tout orgueil.

Pata KANGUE, CSSp

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