Homélie du 29è Dimanche du T.O.A ; 22.10.2023, « A César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.»

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Isaïe 45,1-6
 Psaume 95 (96), 1.3, 4-5, 7-8, 9-10ac
1 Thessaloniciens 1, 1-5
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 22, 15-21

 « Maître, lui disent-ils, nous le savons : tu es toujours vrai et tu enseignes le chemin de Dieu en vérité ; tu ne te laisses influencer par personne, car ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens. Alors, donne-nous ton avis : Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? »

Peut-il en être autrement que de vivre sans payer les impôts dans une société qui se veut normale? La question des pharisiens à Jésus, cache des mobiles obscurs dont ils sont les seuls à connaître les détours, car Jésus lui-même s’était déjà soumis à l’exigence des impôts bien avant l’épisode qui nous est présenté ce dimanche, lorsqu’à Capharnaüm, il demanda à son apôtre Pierre de payer les impôts pour tous les deux (pour Pierre et pour Jésus, Cf. Matthieu 17, 24-27). La question des pharisiens n’est donc pas relative aux impôts, en tant que tel, mais à César l’empereur dont les relations avec le Christ ne sont pas toujours orthodoxes.

En effet si la présence du Christ est un danger pour le pouvoir public représenté par César, c’est bien parce que l’annonce de l’évangile défie tous les codes du système politique fondé parfois sur l’injustice sociale. La mission de Jésus est de sauver l’humanité, surtout ceux qui sont rejetés par nos systèmes de gouvernance, au point d’être relégués au second rang, celui des oubliés de la vie. Cette mission est donc de rétablir la justice là où elle a volontairement été bannie par ceux qui gouvernent le monde. La question des pharisiens exprime de ce fait, une inquiétude, celle d’une éventuelle révolte du peuple imprégné de la conscience à rechercher la source du salut, à travers le règne de paix, de justice et d’amour. Et cette question des pharisiens cherche au-delà de tout, à savoir si, par son refus de payer l’impôt à César, Jésus ne serait pas la cause de cette éventuelle révolte, puisqu’au début de l’évangile, Matthieu précise bien les intentions des pharisiens qui sont de « prendre Jésus au piège en le faisant parler. »

« Connaissant leur perversité, Jésus dit : Hypocrites ! Pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ? Montrez-moi la monnaie de l’impôt. Ils lui présentèrent une pièce d’un denier. Il leur dit : Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles ?  Ils répondirent : De César.  Alors il leur dit : Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » Réponse de Jésus, aussi simple et cohérente, qui met fin à tout débat en confondant les détracteurs,  mais en réalité, s’il fallait remettre à César, toutes les pièces qui portent son effigie, la peuple n’aurait plus d’argent pour vivre, puisque César aurait tout récupéré, étant donné que toutes les pièces portaient visiblement son effigie. La compréhension est donc évidemment ailleurs.

« À César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » il ya une évidence qui saute aux yeux, même pour Jésus ; César est l’empereur en exercice et donc, jouissant des droits civiques et sociaux sur le peuple. Et Jésus connait bien  la loi de Moïse, il sait que  tout pouvoir civil vient de Dieu.  C’est d’ailleurs Lui, Jésus qui  fera ce rappel à Pilate lors de son procès : « Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi si tu ne l’avais reçu d’en haut », (Jean 19, 11). De ce fait César en tant que gestionnaire de la cité, investi d’en Haut, a donc le droit d’exiger l’impôt. En respectant ce devoir civique, Jésus obéit à l’ordre naturel des choses, établi par Dieu son Père, pour le bien du vivre ensemble, dans l’équité et la justice. C’est aussi par souci d’équité et de justice, que Jean-Baptiste, bien avant Jésus, avait déjà résolu la question, se conformant ainsi à la loi en vigueur : « Des publicains (c’est-à-dire des collecteurs d’impôts) vinrent aussi pour être baptisés ; ils lui dirent : Maître, que devons-nous faire ?  Il leur répondit : N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé. » (Luc 3, 12-13.)

Payez l’impôt à César, est donc tout à fait légal et légitime, et même évident. Ce qui, par contre, n’est pas évident pour les pharisiens, c’est de rendre à Dieu ce qui lui revient, en reconnaissant que Jésus est le messie. «  À Dieu ce qui est à Dieu » : Le Christ fait savoir que le véritable pouvoir qui vient de Dieu est en Lui, Fils du Père, Roi de l’univers, dont la royauté surplombe toutes les royautés terrestres et éphémères. Sans être le roi politique à la manière du monde, il est Celui par lequel le salut est accordé, même aux rois de ce monde. Ainsi, nous aurons beau payer tous les impôts à César, il restera toujours un ultime impôt à payer pour notre salut ; celui de la foi en Jésus qui nous exige de vivre selon la loi de Dieu.

Pata  KANGUE, CSSp

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