« Et si… » – Homélie du 5è Dimanche de Pâques C, 15.05.2022

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Actes des Apôtres 14, 21b-27
Psaume – 144 (145) 8-13
Apocalypse de Saint Jean 21, 1-5a
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 13, 31…35


« Et si… »


Et si le texte de l’apocalypse de ce dimanche inaugurait réellement le règne d’un nouveau monde tant attendu, dans lequel les pleurs et les souffrances seraient balayées du revers de la main, par le simple fait du degré de notre foi ? Et si le monde actuel laissait véritablement place à ce monde nouveau où tous les êtres chantent à l’unisson la gloire de Dieu ? Tout serait beau et merveilleux ; personne ne s’inquiéterait d’un lendemain incertain parce que Dieu serait le gage de tout ! En réalité, cette approche du monde nouveau, n’est pas du tout une nouveauté. A y voir de près, elle est exactement ce monde originel, que Dieu a voulu dès la création ; monde saint, sans souillure. A ce propos d’ailleurs, le livre de la Genèse nous dit que, de ce monde originel, Dieu lui-même en était content, parce que tout ce qu’il fit « était bon » (Gn 1,31). D’où viennent donc la souffrance et la nécessité d’un monde nouveau dans un monde estimé bon par Dieu Lui-même ?
Et si nous relisions l’histoire de la création ? Le livre de la Genèse répond à cette question. La bonté de la création fut pervertie par l’homme, nous dit le récit de la création ; l’épisode du fruit défendu nous le rappelle. C’est là que s’est creusé le fossé entre l’amour de Dieu et l’orgueil humain, c’est aussi là qu’est née la source de la souffrance humaine. Tout cela est connu de l’homme contemporain, et rien de tout cela n’est nouveau non plus ! C’est justement ça le vrai problème de l’humanité actuelle : ne pas connaitre la nouveauté que Dieu lui offre. La banalisation de notre foi dans un monde sécularisé à outrance et la monotonie de notre vie ont fini par négliger l’action de Dieu en nous. Ce texte de l’apocalypse invite à une espérance qui donne une réponse contraire à la souffrance engendrée par l’être humain. La vie n’est pas statique, et nous devons travailler dans le prolongement du projet de Dieu pour l’humanité, dont le fondement est l’amour, et la finalité, le bonheur pour tous.
Et si l’avènement du Christ dans le monde constituait cette nouveauté au cœur de notre monotonie et de nos déboires quotidiens? Le Christ est toujours aux cotés de ceux qui s’efforcent de se conformer à sa volonté en toute chose, et la première chose est l’amour du prochain : « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. » une compréhension simpliste consisterait à aimer nos amis, ce qui n’est pas exclu, mais l’effort nouveau consisterait à aimer ceux avec lesquels, il nous est difficile de faire bon ménage. Les discordes de tout genre trouveraient alors leur échec dans l’amour qu’on se porte mutuellement.
Et si malgré l’Esprit du Christ qui habite en nous, s’aimer les uns les autres, restait toujours l’acte de foi le plus difficile à réaliser ?


Pata KANGUE, CSSp
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