PREMIERE LECTURE – Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens 15, 1 -11
Psaume 117 (118) « Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !»
Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc 7, 36-50
« Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, et ce qu’elle est : une pécheresse. » Peut-on imaginer un homme de Dieu invité dans une famille et qui se laisse toucher par une femme qui essuie ses pieds de ses larmes en les embaumant d’un parfum ? Quel scandale ! En matière de scandale, ce serait un de trop pour notre église qui ne finit pas de parler d’elle dans ce domaine. C’est donc certainement par pudeur ou par ce qui lui reste encore du respect pour le Christ, que Simon le pharisien murmure son indignation et se retient de la crier haut et fort : « Si cet homme était prophète… » Dans notre langage d’aujourd’hui on traduirait cette phrase en disant tout simplement : « cet homme n’est vraiment pas prophète », puisqu’il se laisse toucher par une pécheresse, sous-entendu, une prostituée.
Le courage de cette pécheresse que l’évangéliste ne nomme pas, brise une conception erronée qu’avaient les gens de la mission du Christ, et à juste titre, car Dieu est le Dieu de la sainteté, et il n’est pas humainement admissible que cette sainteté se laisse toucher par la souillure du péché humain. Si le Christ est vraiment prophète et Fils de Dieu comme il le prétend, comment ne peut-il pas voir dans les gestes de cette femme, une provocation qui n’a pour but que de rendre impur ce qui est pur ? Le courage de cette femme traduit aussi son engagement à défier la miséricorde de Dieu sur son propre terrain, car si Dieu est miséricordieux selon les textes des psaumes (que connaissait sans doute cette femme), alors il n’y a que le Fils de Dieu pour rétablir la dignité de toute personne, y compris celle des pécheurs. Et d’ailleurs, selon cette prophétie dont parle Simon le pharisien, le messie ne vient-il pas pour ramener les brebis perdus de la maison d’Israël à leur juste place ?
En définitive, la pécheresse remporte la victoire de ce combat du péché contre le pardon, parce qu’elle sait plus que Simon le pharisien, que le nombre incalculable de ses péchés lui vaudra la grâce incommensurable de Celui aux pieds duquel elle se prosterne : Jésus-Christ Fils du Dieu vivant, sauveur du monde. Et c’est là que réside sa victoire contre ses propres péchés, car le véritable péché de Simon le pharisien, c’est-à-dire du monde, c’est de ne pas reconnaître en Jésus, l’auteur du pardon. Or les fils de Dieu sont toujours pardonnés par Dieu : « Tes péchés sont pardonnés … Ta foi t’a sauvée.Va en paix », nous dit Jésus à travers cette femme ; n’en déplaise au monde et aux sceptiques !
Pata KANGUÈ, Cssp.
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Voici une homélie pleine d’espérance et d’avenir. Conscients du poids de nos péchés, je crois que nous le sommes ( du moins par moments et en fonction des situations). Mais la foi en la Miséricorde de Dieu incarnée en Jésus, à l’exemple de celle de la pécheresse, c’est autre chose.Nous sommes habitués à ne la voir que comme une bénéficiaire du Pardon divin, conséquence de l’amour manifesté à Jésus. Un peu comme si elle était l’occasion donnée à Jésus de faire la leçon à tous les autres. Ici, vous soulignez la qualité de sa foi et sa découverte de qui est vraiment le Christ. Sa démarche auprès du Christ est une véritable stratégie de l’amour et de la confiance. Et le Christ confirme. Merci Père Etienne pour cette homélie…audacieuse!