PREMIERE LECTURE – Lecture du deuxième livre des Rois 25, 1-12
PSAUME –136 (137) «Que ma langue s’attache à mon palaissi je perds ton souvenir !»
Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 8, 1-4
« Comment chanterions-nous un chant du Seigneur sur une terre étrangère ? Si je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite m’oublie ! » Nous continuons avec les lamentations de notre psalmiste ou plutôt du peuple de Dieu en exil à Babylone. Il est connu que c’est en période d’absence et de grande souffrance qu’on reconnait la valeur d’un être cher. Cela est doublement vrai pour le peuple qui reconnait la valeur et la grandeur de son Dieu en cette période hostile d’exil. La conscience du Dieu unique semble revenir et les gens se souviennent des merveilles et des bienfaits du Seigneur. Jamais le peuple de Dieu n’a été traité de la sorte depuis la sortie d’Egypte, jamais il n’a essuyé une défaite aussi honteuse et sanglante face à un ennemi, surtout païen. Seul le Dieu unique a droit aux chants et aux louanges de son peuple, et le temple de Jérusalem qui est par excellence le lieu de sa demeure, est aussi le lieu de gloire. Il n’est donc pas question de chanter les louanges du Seigneur sur une terre païenne comme s’il revenait à cette terre là le privilège des louanges. Ces chants, ce sont des psaumes qui exprimaient l’état d’âme du peuple, mais aussi la grandeur de Dieu dans toute sa splendeur. Les païens n’ont ni la nature de Dieu, ni la grandeur qui lui revient. Cette démarche du peuple en terre d’exil est l’expression d’un désir ardent de retrouver non seulement ses racines, mais aussi son Dieu dans les conditions adéquates. C’est un début d’auto purification qui va marquer un long processus de retour vers Dieu.
Le désir d’auto purification est l’exigence sine qua non pour chacun de nous. Au nom de sa foi, le lépreux de l’évangile prend conscience de la puissance de Jésus à pouvoir le purifier : « Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier. » La lèpre était considérée comme une maladie impure, et pour certains, elle était même la conséquence du péché, soit des parents, soit du malade lui-même. Quoiqu’il en soit, Jésus n’entre pas dans ces considérations qui ne permettent pas au lépreux de s’affranchir de sa maladie. Il répond à la foi du lépreux qui fait état de la volonté et de la puissance du Christ : « si tu le veux, tu peux… » Tout se joue donc entre cette demande (ou prière) et le Fils de Dieu qui est mis face à sa mission sur terre à savoir faire advenir la volonté de son Père et son règne (puissance). On dirait que notre ami lépreux avait déjà pris connaissance des paroles de la prière du « Notre Père ». Pour tous ceux qui croient en lui et en sa puissance, le Christ ne se fait pas prier plus que cela, il répond tout simplement « je le veux, sois purifié » ; mais il reste une dernière chose à toute personne qui bénéficie de la gloire de Dieu, c’est justement d’aller rendre gloire à Dieu : « Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre. Et donne l’offrande que Moïse a prescrite : ce sera pour les gens un témoignage. » À bon entendeur…
Père Etienne KANGUE ESSIBEN, Cssp
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Comment chanterions-nous un chant au Seigneur sur une terre étrangère?Nous comprenons bien cette aspiration légitime du Peuple de Dieu en souffrance .Pourtant, en relisant ce Psaume, nous qui chantons des chants au Seigneur, ne nous arrive – t-il pas d’être devenus nous mêmes,une terre étrangère? Etrangère à nous-mêmes, à nos frères. Le Dieu que nous chantons et prions, n’est-t-il pas devenu un étranger pour nous? Reconnaissons-nous en Jésus, le Fils de Dieu, le Sauveur qui vient nous purifier et nous guérir et dont nous voulons témoigner humblement et discrètement dans nos vies?Le Christ ne devient-il pas à certains moments, l’objet de nos fantasmes? Que l’Esprit nous aide à ré-habiter nos terres intérieures, ainsi, nous le reconnaîtrons quand il frappera à notre porte?. Nous lui ouvrirons, et il pourra faire chez nous sa demeure.