PREMIERE LECTURE – Lecture du premier livre des Rois 19, 19-21
PSAUME –15 (16) «Seigneur, mon partage et ma coupe !»
Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 5, 33-37
Ne pas jurer du tout : ni par le ciel, ni par la terre, ni par Jérusalem, ni sur notre tête ! L’une des exigences de Moïse était de s’acquitter de ses serments ; on dirait aujourd’hui « tenir ses promesses ». La raison est que toute parole d’engagement qui sort de notre bouche est dite devant Dieu qui est garant de notre vie. Faire un serment c’est donc en quelque sorte s’engager à rendre réel ce qui ne l’est pas. Ainsi, tout homme, auteur d’un serment est tenu de l’honorer : « L’homme qui fait un vœu au Seigneur, ou prend par serment un engagement qui l’oblige lui-même, ne reniera pas sa parole ; il agira en tout selon ce qu’il a dit. » (Nombres 30, 3) C’est ce que Moïse a appelé la loi sur les vœux. Or, il s’avère que la fragilité de l’homme prend le dessus sur ses engagements, et Jésus ne veut donc prendre aucun risque devant nos serments qui risquent de se transformer en faux engagements à cause de nos incapacités et nos négligences.
Ne pas jurer par le ciel, c’est non seulement ne pas mettre Dieu à l’épreuve, parce que c’est Lui le créateur, mais c’est aussi ne pas porter atteinte à sa demeure sacrée de laquelle découle son règne. Il ne s’agit pas d’une localisation géographique, mais de la grandeur de Dieu située plus haut que la petitesse de l’homme ; une grandeur non accessible qui ne saurait donc être à la portée de nos promesses parfois fondées sur un zèle irréfléchi.
Ne pas jurer par la terre non plus, car elle est l’œuvre architecturale de Dieu. Le récit de la création nous enseigne, qu’il n’est pas de lieu qui ne porte la main de Dieu sur terre. A Dieu appartient la Toute Puissance, à Lui aussi appartient l’intelligence transmise à l’homme par son Esprit.
Ne pas jurer par Jérusalem ; voilà qui est curieux. Le lieu est à la fois politique (c’est le siège du grand roi, sous-entendu David) et religieux (c’est le lieu du Temple, maison du Père de Jésus. Cf. la colère de Jésus contre les marchands au temple). Jérusalem est donc la ville hautement et doublement sacrée sur le plan humain et spirituel.
Enfin, il ne faut pas jurer sur notre tête, car nous ne pourrons rien changer de la couleur de nos cheveux. Il ne s’agit nullement des effets des produits cosmétiques dont le caractère naturel échappe à cette loi. Le Christ veut tout simplement rappeler que c’est son Père qui a créé l’homme. Jamais un être humain n’a créé un autre être humain en lui insufflant son esprit ; sont également exclues ici les éventuelles prouesses d’un clonage qui ne répond pas à la question originelle de la création de l’homme. En définitive, il vaut mieux ne pas jurer car toute notre vie appartient à Dieu. Contentons-nous de nos « oui » et « non » devant des demandes qui engageraient nos promesses.
Père Etienne KANGUE ESSIBEN, Cssp
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Jésus connaît ce qu’il y a dans l’homme. Il nous connaît mieux que nous-mêmes. Et donc il sait de quoi nous sommes capables, et de quoi nous ne le sommes pas. Et sa recommandation pleine de sagesse et de prudence, est aussi une marque de délicatesse vis-à-vis de la faiblesse de notre nature. De toute manière, nous sommes créés pour aimer, servir, et adorer Dieu et aimer et servir nos frères.
Le programme est déjà suffisamment chargé pour que nous n’allions pas présomptueusement promettre sous serment des choses qui, la plupart du temps, dépassent nos forces. Merci Père Etienne , pour ce recadrage évangélique et …canonique.Et bonne fête du Saint-Sacrement.