Isaïe 50,4-7
Psaume 21 (22),2,8-9,17-20,22b-24
Philippiens 2,6-11
Évangile : La Passion de notre Seigneur Jésus Christ selon saint Matthieu 26, 14-27, 66.
Le Traitre et le Renégat ; deux personnes qui reflètent deux personnages dans ce récit de la Passion du Christ : Judas et Pierre.
Le premier (Judas), est l’expression véritable d’une amitié sacrifiée sur l’autel de la recherche du bien-être matériel, faisant croire qu’en matière d’amitié, la crédibilité, la fidélité et l’honnêteté sont des denrées rares, aussi rares qu’un lingot d’or. Ici, la morale, s’il en existe une, stipule que la seule chose qui vaille la peine d’exister, est la trahison d’un ami, même si cela peut lui coûter la vie « Judas Iscariote, se rendit chez les grands prêtres et leur dit : « Que voulez-vous me donner, si je vous le livre ? » Le propre du traitre, c’est de ne pas mesurer les conséquences irréversibles de son acte. Et sa caractéristique première, c’est qu’il est toujours proche de nous, partageant nos moments les plus forts, marchant royalement sur le tapis rouge de notre hospitalité, mais n’hésitant pas à la moindre occasion, et au nom de ses intérêts personnels, de retourner sa veste contre notre charité, à travers diffamation et dénigrement. Le Christ le savait « Jésus se trouvait à table avec les Douze. Pendant le repas, il déclara : Amen, je vous le dis : l’un de vous va me livrer ». Il n’y a pas de pire souffrance intérieure que de connaître son Traitre et de vivre avec lui, il n’y a pas de pire souffrance que d’accepter d’être sacrifié sur la table de l’innocence préparée par la trahison d’un proche : seul Jésus-Christ peut faire bon ménage avec son Traitre, et la raison est compréhensible : « Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet.»
Le deuxième, Pierre, le Renégat, est l’expression de tout être animé par le zèle démesuré face au danger : c’est l’ami, le frère, qui compte sur ses seules forces, tout en sous-estimant la portée de ses paroles et de ses engagements parfois en deçà de la réalité, car pendant que le Christ annonce sa passion et sa mort prochaine, Pierre fait preuve d’un courage qui ignore totalement les détails des événements à venir : « Prenant la parole, Pierre lui dit: Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas. » Le mérite de Pierre est de promettre sa fidélité au nom de cette amitié avec son Maitre et c’est de bonne guerre, car on n’abandonne pas un ami, surtout quand il est en danger de mort, mais c’était sans compter sur le caractère extrême de la souffrance à laquelle serait soumis le Christ. La suite nous la connaissons, devant l’extrême cruauté des hommes vis-à-vis du Christ, Pierre renia finalement son Maitre à trois reprises : « je ne connais pas cet homme.» Peur ou faiblesse, quelque soit le motif de ce reniement, le fait est qu’aucun être humain, aucun puissant de ce monde ne peut sauver le Christ. La plus grande illusion de Pierre a donc été celle-là. C’est aussi la nôtre, celle de penser que nos prières quotidiennes ont pour but de libérer le Christ de la croix ; absurdité humaine, car c’est le Christ, qui, par sa croix nous libère du joug de notre quotidien. C’est notre péché qui trahit l’Amour de Dieu envers nous, et nos actions renient la présence de Dieu en nous.
Ce dimanche des Rameaux et de la Passion, nous rappelle notre place et notre rôle vis-à-vis du Christ : vivre notre fidélité à la foi en Jésus-Christ, à travers la fidélité envers les autres, sans trahison. Nous pourrons alors à l’image de la foule, chanter « Bénis-soit Celui qui vient au nom du Seigneur, Hosanna au plus haut des cieux ! »
Pata KANGUE, CSSp
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