Homélie du  6è  Dimanche du T.O.A ; 12.02.2023, «Quand Dieu devient un risque »

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Commentaires de la publication :0 commentaire
Ben Sira le Sage 15, 15-20
Psaume 118 (119)
1 Corinthiens 2, 6-10
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 5, 17-37

« Quand Dieu devient un risque »

« Si tu le veux, tu peux observer les commandements, il dépend de ton choix de rester fidèle. Le Seigneur a mis devant toi l’eau et le feu : étends la main vers ce que tu préfères ». La liberté des enfants de Dieu est une réalité vieille comme le monde. Dieu a créé l’homme libre de ses choix, et a mis dans le cœur de l’être humain, le bien. Le mal n’est donc pas associé à notre ADN. Ce mal serait le résultat de nos choix vis-à-vis de la bonté de Dieu qui nous appelle à ressembler à notre créateur. Voilà en substance ce que nous dit le sage Ben Sira. Ce dernier veut résoudre la question de l’origine du mal dans le monde, dans un contexte où une certaine opinion de l’époque tenait Dieu pour responsable de tous les déboires humains, estimant que si Dieu est créateur de tout l’univers et de tout ce qui s’y trouve, alors le mal aussi fait partie de façon logique, de sa création. Pour Ben Sira, cette conception ignore volontairement la capacité de l’être humain à opérer des choix selon ses aspirations en dehors de toute pression exercée par Dieu. Dieu n’a jamais imposé ses choix, même avec son peuple élu. Il a toujours laissé le libre arbitre s’exprimer : « La vie et la mort sont proposées aux hommes, l’une ou l’autre leur est donnée selon leur choix ». L’unique chose à tenir fermement, c’est d’assumer les conséquences de ses propres choix. C’est là que réside toute la difficulté pour l’être humain.

La question de la liberté dans la foi prête justement à équivoque à cause de notre instabilité qui nous fait passer alternativement d’un choix à l’autre sans arrêt, en fonction de nos intérêts. Chacun est libre devant Dieu, et Dieu nous concède cette liberté, mais tout choix engage celui qui le fait. Choisir Dieu, c’est choisir de respecter entièrement ses exigences, aussi contraignantes soient-elles, par le principe de pardon et de réconciliation véritable, comme le montre l’évangile de ce dimanche ; ne pas choisir Dieu c’est choisir de renoncer à ses grâces. Il n’est donc pas question de choisir Dieu et de ne pas le choisir. Cette attitude qui exprime une forme d’hybridisme spirituelle est devenue monnaie courante, aussi bien chez les non croyants que chez les croyants, faisant d’eux, des chrétiens (quand il faut louer les bienfaits reçus, grâce à Dieu), et des renégats (quand il faut s’aligner avec les détracteurs du Christ et de son Eglise). En tout cela Dieu n’est pas dupe, nous dit Ben Sira le Sage, « Car la sagesse du Seigneur est grande, fort est son pouvoir, et il voit tout. Ses regards sont tournés vers ceux qui le craignent, il connaît toutes les actions des hommes », qui ne sont pas toujours conformes à sa volonté. Il y a donc en nous de l’ignorance vis-à-vis des débouchés de nos choix ; il y a aussi en nous, de la naïveté spirituelle quant à l’apport de la foi en Dieu dans nos vies. En fin de compte, il y a en nous, du manque de discernement par rapport aux choix édictés par notre liberté. A celui qui choisit de suivre Dieu, Dieu le lui rend bien au-delà de ses  attentes, selon le psaume du jour : «Heureux les hommes intègres dans leurs voies qui marchent suivant la Loi du SEIGNEUR !  Heureux ceux qui gardent ses exigences ». Ce n’est qu’une question de foi, soutenue au préalable par notre liberté de choisir Dieu. Ce Dieu qui devient de plus en plus un risque dans notre quotidien, en raison de ses exigences qui ne cadrent pas toujours avec nos intérêts multiples.

Pata KANGUE, CSSp

124 vues

Laisser un commentaire