Genèse 22,1-2.9a.10-13.15-18
Psaume 115 (116), 10.15, 16ac-17,18-19
Romains 8, 31b-34
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 9, 2-10
« Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! » La réaction de Pierre devant l’étonnante transformation ou Transfiguration de Jésus sur la montagne n’étonne guère, car nous sommes tous les êtres de la foi du spectacle. Là où le Christ nous conduit, il faut qu’il y ait une Transfiguration, c’est-à-dire, une transformation radicale qui nous apporte une nouveauté. Pierre exprime donc deux choses qui sont les nôtres en matière de foi en Jésus. Première chose, la recherche du sensationnel : le Christ est à l’origine de tout ce qui sort de l’ordinaire et cela nous conduit à des résultats inattendus qui bousculent notre quotidien et notre façon d’appréhender le monde. Deuxième chose, la confusion devant ce sensationnel qui est la grandeur du Christ. Celle – ci nous rend stupéfaits et impuissants devant la puissance inexplicable de Dieu: « De fait, Pierre ne savait que dire. »
La fin de l’évangile vient confirmer notre désir à rester dans le sensationnel, car pendant que le Christ explique qu’il lui faut ressusciter d’entre les morts, les apôtres Pierre, Jean et Jacques ne comprennent que ce qu’ils viennent de vivre sur la montagne et se demandent « entre eux ce que voulait dire : ressusciter d’entre les morts.» Pour ressusciter d’entre la mort, il faut au préalable mourir. Saint Paul dans la deuxième lecture a bien compris cette réalité : « Le Christ Jésus est mort ; bien plus, il est ressuscité.» Or, il semble que notre foi en Jésus-Christ n’entende pas les choses de cette oreille là. Nous ne sommes pas adeptes de la mort, d’ailleurs toutes nos prières vers Dieu invoquent avec insistance, la vie éternelle. Il faut être Abraham pour dépasser les limites de la foi humaine en Dieu.
En effet la première lecture nous présente la foi d’Abraham, comme une foi parvenue à des limites humaines, au-delà desquelles aucun homme sur terre ne peut véritablement exprimer une foi en Dieu dans le sens strict du terme. Ce n’est pas être extrémiste que d’obéir scrupuleusement à Dieu, même si la demande de Dieu à Abraham nous fait frémir : « Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac, va au pays de Moriah, et là tu l’offriras en holocauste sur la montagne que je t’indiquerai. » Abraham a justement battu Dieu sur son propre terrain, estimant qu’Isaac lui avait été donné par Dieu et qu’il en plaisait à Dieu de le reprendre quelque soit la manière. La suite de l’histoire nous est connue. Non seulement Isaac ne sera pas sacrifié, mais Abraham gagnera la confiance de Dieu.
Il n’y a pas de véritable foi sans sacrifice de soi. La gratuité de Dieu envers nous, se mesure à notre disponibilité à le suivre. Ce temps de carême nous permet de mieux redéfinir notre manière de croire en ce Dieu qui vient nous transformer. Toutes nos décisions prises, pour vivre un bon carême, n’ont de sens que si elles nous conduisent vers l’obéissance à la volonté de Dieu. C’est la leçon que nous donne Abraham, c’est aussi la leçon donnée aux apôtres sur la montagne de la Transfiguration. En matière de foi en Dieu, il faut souvent être aveugle pour atteindre la gloire tant espérée.
Pata KANGUE , CSSp
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