PREMIERE LECTURE – Lecture du premier livre des Rois 17, 7-16
PSAUME –4 «Sur nous, Seigneur, que s’illumine ton visage ! »
Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 5, 13-16
Après « la veuve du temple » qui mit dans le trésor tout ce qu’elle avait pour vivre, les Ecritures nous présentent la veuve de Sarepta. Les deux veuves sont liées par une vie commune au destin commun ; leur indigence et leur solitude. C’est au cœur de ce destin commun qu’elles manifestent leur charité « folle » qui dépasse toute compréhension logique.
Dans le texte qui précède la première lecture de ce jour, le prophète Elie vient d’avertir le roi Acab au sujet des jours à venir qui ne seront pas très agréables et pour cause ; Acab est un roi impie, qui a fait entrer l’idolâtrie en Israël à travers sa femme Jézabel, une païenne qui le poussa à adorer son dieu Baal. Le Seigneur envoie donc le prophète Elie manifester sa colère au roi, ce qu’Elie fera avec plaisir, d’autant plus qu’il a déjà pas mal de démêlés avec le roi au sujet de son hygiène spirituelle vis-à-vis du Dieu d’Israël : « Par le Seigneur qui est vivant, lui dit Elie, par le Dieu d’Israël dont je suis le serviteur, pendant plusieurs années il n’y aura pas de rosée ni de pluie, à moins que j’en donne l’ordre. » Sentant Elie en danger, Dieu lui ordonne de se retirer près du fleuve Jourdain, où il sera nourri du pain matin et soir par un corbeau et où il boira de l’eau du fleuve, mais « au bout d’un certain temps, il ne tombait plus une goutte de pluie dans tout le pays, et le torrent où buvait le prophète finit par être à sec. » C’est alors que Dieu l’envoya à Sarepta, à la rencontre de cette veuve.
Il ne manquait pourtant pas d’hommes riches à Sarepta, capables de nourrir le prophète, et Elie lui-même en tant que prophète avait la latitude d’aller chez l’un de ces hommes matériellement nantis, mais encore une fois, le prophète ne fait que ce que Dieu lui commande, c’est le principe fondamental de toute personne qui est au service de Dieu. En réalité, la rencontre avec cette veuve ne met pas en évidence la force d’Elie, car de lui-même, il n’en a pas, la preuve il a faim et s’il avait une force surnaturelle, il aurait fait un miracle pour lui-même. C’est plutôt la manifestation de la force de Dieu devant une veuve et son fils, dont le pain à défaut de les faire vivre, les aidera à mourir paisiblement: « J’ai seulement, dans une jarre, une poignée de farine, et un peu d’huile dans un vase. Je ramasse deux morceaux de bois, je rentre préparer pour moi et pour mon fils ce qui nous reste. Nous le mangerons, et puis nous mourrons.» La fin heureuse de l’histoire est que Dieu ne laisse pas mourir de faim ceux qui donnent tout ce qu’ils ont pour que vivent les vrais affamés. A y voir de près, le véritable miracle est celui que produit la charité de la veuve, car sa charité ouvre une porte à l’entrée de Dieu qui se manifeste par sa Toute Puissance pour que la jarre de farine ne s’épuise pas, et que le vase d’huile ne se vide pas. Nous sommes tous capables de miracles.
Père Etienne KANGUE ESSIBEN, Cssp
101 vues
Ce récit nous laisse bouche bée devant le comportement de Dieu vis-à-vis de cette veuve, mais aussi vis-à-vis de son prophète. Ce dernier, parce qu’il est au service de son Dieu doit fuir, est sans cesse menacé, en danger, vivant dans la précarité et dans l’insécurité. Dieu l’éduque, il lui apprend la confiance totale, la remise totale de sa vie entre les mains de son Seigneur. Pareil pour cette veuve qui, non seulement n’a plus de mari, mais se trouve démunie de tout et s’apprête à mourir, avec son fils, dans le plus grand dénuement. Elle aussi, par le ministère d’Elie, va être invitée à un chemin de foi. Ce qu’ils feront . Et, l’Eglise, peuple de Dieu ainsi que chacun de nous, sommes invités à cette aventure avec Dieu, l’aventure de la foi, de la confiance et de l’amour. Dieu nous y invite, spécialement aux heures où nous sommes les plus fragiles. Dieu ne nous laisse jamais manquer de son pain ni de son eau (même aux jours sans eucharistie!) Merci Père Etienne d’avoir été pour nous un « ravitailleur » en ces jours de pandémie et de nous avoir évité de perdre nos forces.