PREMIERE LECTURE – Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre à Timothée 4, 1-8
PSAUME –70 (71) «Ma bouche annonce ton salut, Seigneur»
Evangile de Jésus-Christ selon saint Marc 12, 38-44
On peut classer la charité en deux catégories: celle qui consiste à taire les voix qui nous harcèlent sans cesse de demandes en nous empêchant de vivre notre tranquillité. L’objectif dans ce cas est de se débarrasser de la demande incessante du nécessiteux dont les cris finissent par nous stresser. Le deuxième de type de charité est celle qui, indépendamment de tout motif s’exerce, pas pour taire la personne nécessiteuse, mais pour répondre au besoin lui-même. Et dans ces deux catégories de charité, se dégagent deux types de personnes : celles qui donnent de leurs moyens parfois colossaux, sans que cela n’entame en rien leur immense fortune. La charité devient leur lieu de mégalomanie et de publicité. Le deuxième type est fait des personnes qui, au-delà de leurs moyens, sont encore capables de donner jusqu’au prix de leur amour, pourvu que la raison qui les anime, trouve une solution au problème à résoudre. La veuve de notre évangile du jour appartient à la deuxième catégorie de personnes.
« Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres. » Dans cette société juive où la veuve fait partie des trois catégories de personnes indigentes : (veuve, orphelin et étranger), voilà qu’elle bouscule toutes les règles d’assistance sociale pour laisser place à un altruisme sans mesure. Le lieu n’est pas anodin, il s’agit du temple, même si la précision n’est pas donnée, il est bien question du temple de Jérusalem, demeure inéluctable de Dieu où le destin de tout le peuple se joue à l’attente du messie qui vient. Et comme tout le monde, la veuve ne sait ni le jour ni l’heure de cette libération, elle ne sait pas non plus que dans un coin de ce temple, à cet instant précis quelque part dans la discrétion de son geste, le messie est là, présent et témoin de son dépouillement total, admirant celle qui ose donner tout ce qu’elle a de trésor pour vivre. Oui, il faut plus que du courage pour agir ainsi dans notre monde de la recherche du gain, il faut aussi plus que du courage pour n’espérer rien en retour, sachant qu’en donnant tout ce qu’on a pour vivre, nous allons volontairement vers le suicide assuré, parce qu’alors, nous n’aurons même plus de quoi nous offrir le luxe d’un pain quotidien ; il faut tout simplement avoir traversé toutes les contingences matérielles de la vie pour comprendre qu’en dehors de nous, il ya aussi les autres et que, malgré notre pauvreté, nous avons toujours quelque chose à donner, même au prix de notre charité humainement folle. Tout le monde n’est pas la veuve de l’évangile !
Père Etienne KANGUE ESSIBEN, Cssp
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Merci, Père Etienne pour cette homélie riche et interpellante. Elle remet en question,non seulement nos idées (même pieuses) sur la charité, mais surtout elle nous remet face à nos comportements et à la façon dont nous nous laissons bousculer par l’Evangile.
J’apprécie votre remarque: « elle ne sait pas non plus que, dans un coin de ce Temple, dans la discrétion, le Messie est là, présent et témoin de son geste… « . Elle ne sait pas. Nous, en principe, nous devrions le savoir. Et nous savons aussi que ce même Messie a dit: » tout ce que vous ferez au plus petit d’entre mes frères, c’est à Moi que vous le ferez! » Cela, nous le savons, mais, pour autant, est-ce que cela change vraiment notre vie et nos partages? Encore merci et bon week-end.